L’érosion côtière, un enjeu écologique et économique pour la Vendée
À cause de l’érosion côtière, aussi appelée érosion marine, le littoral vendéen perd du terrain face à la mer chaque année. Un phénomène naturel renforcé par les activités humaines et le dérèglement climatique, qui représente un défi pour le territoire. Collectivités et habitants s’adaptent et agissent pour enrayer le phénomène.
Avec ses 250 km de littoral, la Vendée est un des départements les plus sensibles au phénomène d’érosion côtière, qui s’amplifie avec le dérèglement climatique. Préserver cet écosystème riche est important pour la biodiversité, mais aussi pour l’économie et les habitants.
Lutter contre l’érosion côtière, un objectif partagé
Limiter le recul du trait de côte (voir encadré) est un défi de taille pour le département, dont les collectivités et les habitants ont conscience depuis plusieurs années. Les Vendéens et Vendéennes qui résident sur le littoral relèvent des signes visibles depuis une quinzaine d’années, mais les effets ont tendance à s’intensifier ces dernières années.
Parmi les actions mises en place figure la surveillance du recul du trait de côte, nécessaire pour comprendre le phénomène et s’adapter au mieux. En tête de file, la communauté de communes de l’île de Noirmoutier s’est dotée d’un Observatoire du littoral dès 1999. Des associations de citoyens, comme l’association de défense du littoral jardais, documentent aussi les évolutions, sensibilisent le grand public lors d’événements et travaillent avec les élus.
Pour les communes, chaque situation est particulière et peut demander de mettre en place des solutions basées sur la nature (renaturation de dunes, désartificialisation du sol pour le rendre perméable…) ou des ouvrages bâtis : Les Sables-d’Olonne ont réalisé en urgence un renforcement de remblai au printemps 2024 ; Noirmoutier-en-l’île se dote, par exemple, de trois portes anti-submersion pour protéger le port et les habitations… Sur le long terme, les communes prévoient des solutions de requalification de certains quartiers en désartificialisant, comme celui de La Parée à Brétignolles-sur-Mer, et la relocalisation d’habitations et de commerces.
Comment agir en tant que citoyen ? À l’échelle individuelle, les actions qui visent à réduire son empreinte carbone (transport, alimentation, habitat…), et donc à limiter les effets du dérèglement climatique, ont pour conséquence indirecte de réduire la pression sur le littoral. Une bonne façon de préserver un cadre de vie, même lorsqu’on ne vit pas près de la côte ! |
Quelles sont les conséquences du recul du trait de côte en Vendée ?
Concrètement, l’érosion accélérée du littoral met en danger des espèces qui vivent ou se reproduisent sur le littoral et peut faire disparaître des portions de terre, réduire la taille des plages, ou encore menacer les infrastructures côtières (habitations, routes, équipements…). La France a perdu 30 km2 de terre entre 1960 et 2010. Après les tempêtes Céline, Ciaran et Domingos à l’automne 2023, l’Observatoire du littoral de Noirmoutier a constaté un recul moyen de 2,8 m, pour une surface de 5,7 hectares, soit plus de huit terrains de foot.
La lutte contre l’érosion côtière (construction de digues, entretien d’infrastructures…) engendre déjà des coûts importants pour les collectivités.
→ vidéo : Recul du trait de côte : l’île de Noirmoutier anticipe
Selon la dernière étude du Cerema ministère de la Transition écologique publiée en avril 2024, 319 logements vendéens, dont 96 résidences principales et 33 locaux professionnels, sont concernés par l’érosion et la submersion à l’horizon 2050. À horizon 2100, si rien n’est fait pour endiguer ce phénomène, ce sont 41 000 logements dont près de 22 000 résidences principales et 3 800 locaux d’activité. Et près de 400 km de réseau routier seraient inutilisables. Dans ce scénario, la valeur des biens menacés s’élève à plus de 8 milliards d’euros, et de nombreuses activités économiques liées au littoral sont touchées par ce changement. C’est notamment le cas du tourisme, premier secteur d’activité en Vendée, ou de la pêche.
- 319 logements de communes littoral ou rétro-littoral sont concernés par le recul du trait de côte à horizon 2050
Des impacts sociaux liés au recul du trait de côte
Le recul du trait de côte a des conséquences écologiques et économiques, mais aussi sociales. En premier lieu, la submersion de logements et infrastructures implique le déplacement de populations et d’activités, et donc la modification de la vie sociale des habitants et une perte de repères. En effet, des logements et entreprises sont menacés, mais également des établissements scolaires, des services de santé, des équipements sportifs… En Vendée et en Charente-Maritime, la tempête Xynthia de 2010 a déjà impliqué l’expropriation de nombreux foyers qui ont dû reconstruire leur vie.
De plus, comme l’ensemble des conséquences du dérèglement climatique, le recul du trait de côte peut creuser des inégalités, notamment en lien avec le logement. En effet, les foyers les plus modestes ne disposent pas forcément des ressources pour adapter leurs logements ou pour déménager dans des zones plus sécurisées. Une raison de plus pour se mobiliser largement afin de lutter contre le recul du trait de côte, dès à présent.
L’érosion côtière et recul du trait de côte, on vous explique Qu’est-ce que l’érosion côtière ? C’est un processus géologique naturel : il s’agit de l’usure du rivage sous l’effet répété de la mer (vagues, courants, marées…) et du vent. Comme tous les écosystèmes naturels, les espaces littoraux (plages, dunes, falaises…) ont donc toujours évolué. Ces dernières décennies, les activités humaines (artificialisation des sols, constructions…) et le dérèglement climatique qui cause la montée des eaux et amplifie les phénomènes météorologiques provoquent une érosion accélérée : les écosystèmes côtiers comme les dunes ou les plages n’ont plus le temps de se régénérer, et la mer gagne du terrain sur la terre. On parle alors de « recul du trait de côte ». |
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