Typologie Reportage

Le réemploi des bouteilles en Vendée, comment ça marche ?

Mis à jour le
Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Reemploi bouteille en verre

credit photo : Bout’ à Bout’.

Le réemploi des emballages en verre se développe en Vendée, impulsé par des commerces de proximité. Depuis peu, des supermarchés commencent à s’y mettre. On parle alors d’automate de déconsignation. Quelle différence entre réemploi et consigne ? Pourquoi le réemploi des emballages est-il plus vertueux que le recyclage ? Quel est le parcours de ces bouteilles réemployées ? Suivez le guide !

Le saviez-vous ? Une bouteille en verre peut être réemployée jusqu’à une cinquantaine de fois ! Oui, mais… à certaines conditions. Il faut qu’elle soit récupérée et correctement lavée avant d’être remise en service : c’est le principe du réemploi.

Très développée jusque dans les années 1980, le réemploi a quasiment disparu face à l’arrivée des emballages plastiques et des contenants à usage unique. Petit à petit, il est devenu naturel de jeter aussi les bouteilles en verre qui sont recyclées… en bouteilles en verre.

Le réemploi de la bouteille en verre gagne du terrain

Ces dernières années, pour limiter l’impact environnemental des emballages, le réemploi tente de regagner du terrain partout en France, et notamment dans les Pays de la Loire, sous l’impulsion de plusieurs acteurs : l’entreprise Bout’ à Bout’, pionnière dans le domaine, Trivalis, le syndicat de traitement des déchets de Vendée et le Conseil Départemental de la Vendée.

On parle donc de réemploi de contenants en verre : on peut rapporter sa bouteille vide dans son commerce de proximité, le plus souvent sans consigne monétaire.

D’abord développé dans les enseignes bio et les épiceries vrac, le réemploi de la bouteille en verre s’installe peu à peu dans la grande distribution. Depuis l’été 2023, Bout ‘ à Bout’ a équipé plusieurs magasins du Système U en Vendée, aux Herbiers, aux Achards, aux Sables-d’Olonne ou encore à Challans, d’automates afin de récupérer des bouteilles en verre.

Le principe est simple, le consommateur, lorsqu’il achète ses boissons, repère dans le rayon si cette bouteille est indiquée comme réemployable. Une fois consommée, il peut la rapporter dans une grande surface équipée d’un automate. Cerise sur le gâteau, il repart alors avec un bon d’achat de 0.02 centimes !

La bouteille, quant-à elle, prend le chemin du réemploi.

Sur la trace des bouteilles réemployées en Vendée

Voici les grandes étapes de vie d’une bouteille réemployée, qui ne voyage jamais bien loin de chez nous.

Le travail de Bout’ à Bout’ consiste dans un premier temps à convaincre les producteurs de boissons de l’intérêt de passer à une solution de réemploi de ses bouteilles.

Le principe est le suivant : les producteurs achètent les bouteilles dont ils ont besoin auprès d’un verrier qui propose une offre de réemploi. Le producteur embouteille et distribue les produits auprès de ses consommateurs (en direct ou via un distributeur, type commerce de proximité). Les entreprises vendéennes Trait d’Union et Rémy Liboureau viennent ensuite collecter les bouteilles rapportées par les consommateurs en magasin et les transportent à une centaine de kilomètres chez Bout à Bout, à Carquefou près de Nantes.

Ouverte en 2023, c’est la plus grande usine de lavage de bouteilles en verre de France, qui peut nettoyer 10 000 bouteilles par heure (à terme 60 millions de contenants par an).

Une fois dans l’usine, les bouteilles en verre sont triées en fonction de leur format, avant d’être lavées et contrôlées, afin de s’assurer de leur qualité.

Elles sont prêtes pour être remises en service chez des producteurs et ainsi de suite !

L’achat de ces bouteilles est moins coûteux à terme pour le producteur que l’achat de bouteilles neuves « jetables ». Par ailleurs, dans un contexte où les ressources diminuent, cette solution apparaît plus que vertueuse.

Zoom sur la production des emballages en verre

Les producteurs qui se lancent dans le réemploi doivent acheter des bouteilles certifiées réemployables auprès des verriers. Elles sont plus « solides » que des bouteilles en verre conçues pour de l’usage unique. Une bouteille réemployable peut supporter jusqu’à 50 rotations (conditionnement – transport -lavage). Les verriers, comme Verralia ou O-I, proposent en effet une offre de réemploi, c’est-à-dire une gamme de bouteilles standardisées au niveau national. Cette gamme a été définie par des opérateurs de réemploi, des pionniers comme Bout’ à Bout’, dans l’objectif qu’une bouteille réemployable achetée en Vendée puissent être lavée et reconditionnée en Alsace par exemple.

Comment reconnaître une bouteille réemployable ?

Les producteurs de jus de fruit, bière, vin… locaux, membres du réseau Bout’ à Bout’ comme les Vergers du Galichet à La Boissière-de-Montaigu ou la brasserie La Louette aux Herbiers, remplissent la bouteille selon leur procédé habituel. Ils ajoutent une étiquette hydrosoluble, qui partira facilement au lavage, comportant le logo du réemploi, signe pour le consommateur que cette bouteille peut être rapportée en magasin, dans les casiers (pour les commerces de proximité) ou les automates prévus à cet effet (dans les grandes et moyennes surfaces).

Le réemploi, un atout écologique

Même si elle demande de changer ses habitudes de consommation, le réemploi de la bouteille présente un vrai intérêt environnemental. Selon l’ADEME, le réemploi d’une bouteille en verre permet d’économiser 79 % d’énergie, 77 % de CO2 et 51 % d’eau par rapport à son recyclage.

Le passage plusieurs fois par la case lavage avant le réemploi évite donc l’utilisation de nombreuses ressources.

Le réemploi permet aussi la création d’emplois locaux, pour la collecte, le tri et le lavage, par exemple.

Pour recycler une bouteille, il faut la briser en petits morceaux appelés calcin, ajouter 20 % à 40 % de matière première neuve, la faire fondre à 1500°C pendant 24 heures avant de pouvoir en modeler une nouvelle. Très consommateur en énergie, ce procédé est aussi gourmand en eau.

Le réemploi des bouteilles encore minoritaire

En France, 2,5 millions de tonnes d’emballages en verre sont recyclés chaque année. En Vendée, Trivalis compte environ 52 kg d’emballages en verre par habitant, soit le poids de 20 bouteilles de vin. Des chiffres qui témoignent de la prépondérance de l’usage d’emballages à usage unique.

Même si le réemploi de la bouteille est encore méconnu, cette pratique devrait pourtant se développer davantage, puisque la loi anti-gaspillage pour la croissance verte, AGEC, fixe un objectif de 10% d’emballages réemployés d’ici 2027.

En Vendée, d’autres supermarchés devraient bientôt rejoindre l’aventure du réemploi, à Chantonnay, par exemple.