Manger local en Vendée : est-ce vraiment plus cher ?

Mis à jour le
Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Marche La Roche sur Yon


Crédit photos : Simon Bourcier – Vendée Expansion

Selon une enquête menée en 2022 par le Département de Vendée, “bien manger” signifie avant tout manger local et de saison pour 57% des vendéens. Et plus de la moitié d’entre eux affirment qu’ils aimeraient consommer plus de produits locaux. Mais alors, qu’est-ce qui coince ? “Le local, c’est trop cher !” est aussi l’argument qui revient le plus souvent… Consommer des produits locaux, est-ce réellement plus cher ? Et comment s’expliquent les différences de prix que l’on constate parfois ? On en parle avec des producteurs vendéens !   

Acheter local : la qualité au meilleur prix !

Avant toute chose, il faut comparer ce qui est comparable : oui, un kilo de tomates bien mûres d’un petit producteur vendéen est presque toujours vendu un peu plus cher qu’un kilo de tomates cultivées dans d’immenses serres, en Espagne par exemple. “Mais à qualité égale, le local n’est pas plus cher”, pose Christian Baty, producteur à la ferme des Mûriers à Saint-Hilaire-la-Forêt, dans le sud de la Vendée.

Ce céréalier qui produit également des volailles, des légumes et des fraises, explique :

“Pour les fraises par exemple, celles qui viennent de loin sont issues de variétés sélectionnées pour avoir la chair dure, afin de résister au transport et elles sont cueillies bien avant leur maturité, là encore pour mieux résister. Alors que les nôtres sont sélectionnées pour leur goût et cueillies bien mûres et bien sucrées. Il suffit d’en manger pour se rendre compte que ça n’a rien à voir !”

Le producteur vend ainsi ses fraises 3,50€ en moyenne la barquette de 250 grammes, en saison, là où les fraises espagnoles tournent plutôt autour de 2,50€ la barquette. “La bonne question à se poser c’est : est-ce que la différence de qualité vaut la différence de 1 euro ?” poursuit le producteur. 

→ Comment reconnaître la qualité d’un produit ?

La qualité d’un produit, c’est d’abord sa qualité gustative et nutritive. Pour mieux la cerner, il faut s’intéresser à l’origine du produit, à sa variété pour les végétaux, à la race pour les animaux, mais aussi aux conditions de production (moment de la cueillette, traitements éventuels, etc), ou encore à la composition pour les produits transformés. En France, l’étiquetage doit obligatoirement comporter la liste des ingrédients.

Les logos et labels sur les emballages sont aussi des indices de qualité, tels que l’AOP, l’IGP, le label rouge ou l’agriculture biologique qui assurent des normes strictes de production et de qualité. Enfin, les conditions de travail des agriculteurs peuvent aussi, en un sens plus large, être considérées.

Se tourner vers les circuits courts, pour du local moins cher

Le lieu d’achat a aussi son importance lorsqu’on compare les prix : la barquette de fraise de la ferme des Mûriers, vendue 3,50€ en vente directe, serait plus chère si elle se retrouvait en supermarché ! Se tourner vers les circuits courts c’est la solution pour faire baisser le prix de son panier alimentaire local.

Une enquête de l’UFC que Choisir réalisée fin 2022 démontrait qu’un panier composé de divers fruits et légumes conventionnels coûtait en moyenne le même prix en circuit court qu’en grande surface, et qu’un panier bio était moins cher en circuit-court !

La vente directe permet de réduire les intermédiaires et donc les coûts. Christian Baty poursuit la comparaison avec l’exemple de ses volailles : “En vente directe à la ferme, nos volailles sont autour de 9€ le kilo en moyenne. C’est moins cher qu’en boucherie, et c’est un prix comparable à la volaille labellisée de supermarché, par exemple.”

Consommer local, un geste pour la planète
 
Consommer local, c’est aussi agir pour la planète : en réduisant les distances de transport, on diminue fortement son empreinte carbone. Une habitude simple, bonne pour l’environnement comme pour l’économie locale.

Constituer un panier local de produits de base

Quand on fait attention à choisir le point de vente le plus avantageux et à comparer des produits de qualité équivalente, le local a tout bon. Au nord de la Roche-sur-Yon, au magasin de la ferme de la Goichonnière au Poiré-sur-Vie, on abonde : “Pour des produits de même qualité, un produit local vendu en direct est souvent moins cher, confirme Gaëtan Meriau, producteur et gérant du magasin, également président du réseau “Bienvenue à la ferme” en Vendée.

Mais le fait est que le souci de la qualité n’est que rarement au rendez-vous pour les produits importés en grande quantité. On est même plutôt sur une qualité discount, globalement. D’où l’impression générale que “le local coûte cher”. Alors que ce n’est pas vrai !”

Sa boutique vend quasi exclusivement des produits locaux de sa propre ferme et des fermes alentours : de la boucherie – charcuterie, des fruits et légumes, des produits laitiers, de la boulangerie, de l’épicerie salée et sucrée, des jus de pommes, de la bière et du vin, etc.

Selon lui, la différence de prix sera plus marquée sur certains produits : “les produits transformés, comme les gâteaux, les confitures, les terrines… sont forcément plus cher en local, parce qu’il y a le coût de la matière première de meilleure qualité et plus de travail derrière. Mais sur les produits de base – fruits et légumes, viande, farine, sucre, oeufs, laits, etc -, la différence est limitée, et parfois même le local est moins cher.” Être prêt à cuisiner et à transformer soi-même ses produits permet donc d’acheter local et moins cher.

Prendre en compte toute la chaîne de production

Dernier critère à prendre absolument en compte dans sa comparaison, selon Gaëtan Merieau : le respect des produits et des humains. “Oui, le discount, c’est moins cher. Mais pour proposer ces prix, il n’y a pas de secret, il faut rogner sur deux choses : la qualité des matières premières et le salariat, c’est-à-dire les salaires, les conditions de travail, etc. Donc finalement, ce sont les humains qui trinquent.”

Sans compter que la qualité requiert souvent plus de main d’œuvre, comme le rappelle Christian Baty, à la ferme des Mûriers : “nos pommes de terre ne sont pas traitées avec un anti-germinatif, pour que vous ne mangiez pas de traitements. Mais pour ça, on doit passer enlever les germes, à la main, environ trois fois dans l’hiver… Et ça, ça a un coût en main d’œuvre supplémentaire, forcément.”

À l’arrivée, les pommes de terre de la ferme des Mûriers sont vendues entre 1,50€ et 2€ le kilo. “ça reste raisonnable, pour un produit de meilleure qualité, non ?”