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Compostage des biodéchets (à la maison ou en point d’apport volontaire): le tester, c’est l’adopter !

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Compostage - credit La Bricoterie

Crédits photos : La Bricoterie

Il y a ceux qui cherchent le côté pratique et d’autres  qui viennent pour le lien social, certains qui le pratiquent depuis toujours, et d’autres qui ont commencé il y a seulement quelques mois… Un an après la mise en place de l’obligation du tri à la source des biodéchets, dans le cadre de la loi AGEC, rencontre avec des Vendéens et Vendéennes qui compostent.

Le soleil brille sur le quartier de la Pommeraie à Fontenay-le-Comte, dans le sud Vendée, un temps idéal pour promener Plume, fringuant bouvier bernois, et… déposer ses biodéchets. Au pied d’un grand immeuble, trône depuis l’automne 2024 un point d’apport volontaire de biodéchets, où la maîtresse de Plume vient vider son sac rempli d’épluchures et de marc de café. Le bac est quasiment plein de déchets organiques prêts à devenir compost, signe que les habitants du quartier en font bon usage. « C’est très pratique d’avoir ça à proximité. Je viens tantôt ici, tantôt au composteur du jardin partagé », indique cette Fontenaisienne en pointant la maison de quartier juste à côté.

Quelques mètres plus loin, ce samedi de début janvier, une poignée de bénévoles ravis de se retrouver s’active dans le jardin collectif du centre socio-culturel l’ODDAS. Ici, on composte dans les règles de l’art, avec un certain nombre de consignes à respecter – pas de viande, découper la peau des fruits en morceaux, aérer, recouvrir avec du broyat… – et Albert, bénévole référent, veille au grain quotidiennement ou presque : « Au début, le composteur n’était pas ouvert en permanence, mais les horaires du samedi matin étaient trop contraignants pour les gens. Depuis que c’est accessible tout le temps, c’est plus simple pour eux et ça va, les règles sont plutôt respectées. »

Composteur et point d’apport volontaire, est-ce la même chose ?
 
Les deux ont la même finalité – permettre la dégradation des biodéchets pour créer du compost – mais n’ont pas le même fonctionnement.
* Dans un composteur, l’intégralité du processus se déroule sur place. D’où la nécessité d’ajouter du broyat, d’aérer et de varier les apports.
* Les points d’apport volontaires sont des bacs dédiés aux déchets organiques qui sont collectés et emmenés sur des plateformes de compostage industrielles en Vendée. Le processus de décomposition y est plus rapide, ce qui explique l’autorisation de déposer de la viande, des os ou du poisson.
 
Installé depuis 2017, le composteur de l’ODDAS a reçu 187 dépôts en 2024, d’une douzaine de foyers. Après six à neuf mois de maturation, le compost sert à enrichir le sol du jardin partagé, dont la production – choux, oignons, radis noirs, oseille, fraises… – est distribuée entre les bénévoles. Une affaire qui roule, même si « depuis que les points d’apport ont été installés à proximité (celui de la Pommeraie et un autre à la Sablière à quelques centaines de mètres, ndlr), on a perdu du monde », relève Albert. Les hypothèses vont bon train parmi les bénévoles : « Les gens vont au plus proche, c’est vrai que c’est plus simple de descendre au pied de l’immeuble que de mettre ses bottes pour venir ici ! » ; « Les règles de dépôt sont moins strictes, on peut y mettre la viande et le poisson ». Pas de quoi inquiéter la petite troupe qui se réunit avant tout pour le lien social et partager de bonnes pratiques de jardinage.

Nouvelles habitudes

Un an après l’entrée en vigueur de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui prévoit l’obligation de valoriser les biodéchets (voir encadré), certains ont donc trouvé leur manière de composter, d’autres tâtonnent encore. Devant une rangée de composteurs de quartier de La Roche-sur-Yon, commune urbaine, chef-lieu de la Vendée, installée à l’été 2024, Louise confesse avoir eu du mal à s’y mettre : « Le sujet ne m’intéressait pas trop, ce sont des collègues de travail plutôt engagés qui m’ont convaincue à force d’en parler. Je m’imaginais quelque chose d’hyper compliqué et sale, mais ici je peux venir souvent donc ça ne se décompose pas dans ma cuisine ! »

Pour Marc, qui fréquente le même composteur depuis peu, le déclic a eu lieu lorsqu’il a décidé de limiter le poids de ses poubelles : « J’ai entendu parler de la loi, oui, mais c’est le fait de payer chaque ramassage de poubelles qui m’a incité à réfléchir à tout ça. Je suis d’abord venu pour une raison économique, mais c’est une bonne action pour l’écologie, donc c’est encore mieux.»

Trouver le bon rythme dans son quotidien chargé n’est pas encore tout à fait réglé. La Ville promet un composteur à moins de 10 minutes de chaque foyer, mais le top pour Louise, désormais convaincue que l’aspect pratique est le premier frein au compostage, ce serait d’avoir un point de dépôt dans son immeuble. Cette décision, revenant à la copropriété, n’est pas à l’ordre du jour.

Mobilisation citoyenne

Pourtant, avoir un jardin ou un point d’apport de proximité ne suffit pas toujours à sauter le pas. À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, sur le littoral vendéen, les trois pavillons de compostage ont été mis en place par l’Agglomération pour les personnes qui vivent en appartement ou qui n’ont qu’un petit extérieur où il n’est pas possible d’installer un composteur.Mais Valérie Drouet, qui a coordonné les pavillons via La Bricoterie, en est convaincue, « notre rôle, c’est aussi d’accompagner tous ceux qui pourraient composter dans leur jardin et craignent de le faire, à cause des odeurs, des nuisances… Ces personnes-là, il ne faut surtout pas les dégoûter du compostage ! »

Dans cette commune de la côte vendéenne, l’aventure du compostage dans l’espace public a commencé avant que la loi AGEC n’en fasse une obligation pour la collectivité, à la demande des citoyens et citoyennes. Ainsi, l’Agglomération  a mis en place une expérimentation, de 2022 à 2024, avec trois pavillons de compostage. Et le compostage est rentré dans les mœurs ! Fin 2024, « une centaine de foyers compostent à l’année, et bien plus en été où les pavillons se remplissent très vite », a comptabilisé Valérie Drouet. En effet, Saint-Gilles-Croix-de-Vie compte de nombreuses résidences secondaires, où les foyers s’installent pour plusieurs semaines ou mois. « On constate une réelle continuité des pratiques de compostage, ce qui est très bon signe pour la suite », fait valoir Antoine Gasnet, adjoint délégué à l’environnement et au développement durable. Après plus de deux ans de test et 17,3 tonnes de déchets organiques compostés, l’expérience a porté ses fruits et c’est l’association La Terre EST Nous qui poursuit le travail dès janvier 2025, main dans la main avec l’agglomération du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et la mairie.

Composter chez soi est devenu obligatoire ? FAUX
La loi contre le gaspillage de 2020 comporte une section sur les biodéchets entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Elle impose aux collectivités de proposer aux citoyens des solutions adaptées pour le tri des biodéchets : points d’apport volontaire, composteurs ou pavillons de compostage de quartier, plateformes de compostage, distribution ou vente de composteurs individuels… Le compostage à domicile n’est donc pas une obligation.

 Le tri des biodéchets est obligatoire ? VRAI (pour les collectivités)
L’obligation du tri à la source s’applique aux collectivités, qui doivent fournir les moyens à leurs usagers pour que ceux-ci puissent trier leurs biodéchets…
Dès lors que des solutions de tri sont mises en place, les particuliers doivent respecter les consignes

Le tri des biodéchets diminue t-il le poids des poubelles ? VRAI
Trivalis, le syndicat départemental qui gère le traitement des déchets en Vendée, estime que les ordures ménagères contiennent 34,4% de biodéchets qui peuvent être valorisés. Le tri de ces déchets a donc un impact significatif sur le poids des poubelles, mais aussi sur l’environnement : ces déchets organiques servent à amender la terre. Que du positif !

Faire du compost une fête

Que ce soit à Fontenay-le-Comte, à La Roche-sur-Yon ou encore  à Saint-Gilles-croix-de-Vie, le grand challenge réside encore dans le fait d’embarquer toujours plus de citoyens et citoyennes. Car le compost demande de l’implication, et de la pédagogie. Patiemment, Albert transmet les consignes aux nouveaux arrivants. Et Valérie Drouet, pour qui cette démarche « ne doit pas connaître de limites », n’est pas avare de conseils et d’enthousiasme : ces dernières années, pour convaincre, elle a distribué des centaines de bio-seaux de seconde main, a réuni des bénévoles, fédéré des soutiens au projet, et propose une formation pour prendre en main le composteur à domicile. Une vingtaine de personnes l’ont suivie entre septembre et décembre 2024.

« Chaque commune a ses spécificités et doit trouver son fonctionnement. Notre parti pris, ça a été de cibler des lieux avec une grosse population alentour et avec des possibilités d’épandage (potagers partagés, espaces verts… ndlr), la mise en place d’un point d’apport volontaire pour d’autres déchets à proximité et, surtout, d’en faire un lieu sympa », résume Antoine Gasnet. Si bien que, nous glisse Valérie, un couple s’est formé au composteur… Même constat à Fontenay-le-Comte, où « les gens viennent surtout grâce au bouche à oreille et aux événements de l’ODDAS, et ils restent parce que c’est sympa.» Il ne reste plus qu’à rejoindre le mouvement !