
Comment composter les fruits de mer et coquilles de crustacés chez soi ?

Et si les coquilles de fruits de mer avaient une seconde vie ? On le sait, le compost est une façon écologique (et économique !) de traiter les déchets organiques et réduire nos poubelles. Dans les régions côtières, comme la Vendée, où les huîtres, moules et autres produits de la mer font partie de l’art de vivre, leurs déchets ne sont pas forcément voués à finir à la poubelle.
Composter des coquilles et des carapaces demande un certain savoir-faire. Comment transformer ces restes en un précieux allié pour le jardin ? Suivez nos conseils pratiques pour le compostage des fruits de mer.
En matière de déchets organiques, tout se composte… ou presque ! De nombreuses idées reçues circulent autour du compost, sur ce qu’on peut y mettre ou non, sur d’éventuelles nuisances.
Or, s’il est pratiqué dans les règles de l’art, le composteur peut avaler quasiment tous les déchets alimentaires d’un foyer, y compris les agrumes, les restes de viande et… les produits de la mer, particulièrement consommés en Vendée. 70 % des foyers vendéens mangent du poisson ou des fruits de mer au moins une fois par semaine.
Peut-on composter les fruits de mer ?
La réponse des maitres-composteurs est claire : oui, il est possible de composter des produits de la mer, mais à certaines conditions.
D’abord, il faut déterminer le type de déchet, car ils ne se décomposent pas tous de la même façon et au même rythme :
- les restes organiques (morceaux de poissons, mollusques, etc.) : ce sont les plus simples à composter car ils se décomposent plus rapidement que les suivants. Il faut toutefois limiter les apports de poissons gras. Ils mettent quelques semaines à quelques mois à se décomposer.
- les carapaces de petits crustacés (crevettes…) et les arêtes : comme les petits os, ces déchets peuvent être compostés. Ils mettent plusieurs mois à se décomposer.
- les coquilles et coquillages (huîtres, moules, coquilles Saint-Jacques, etc.) : à l’instar des coquilles d’œufs, ils sont composés principalement de carbonate de calcium. Ils ne se décomposent pas mais aèrent et enrichissent le compost.
Comment réussir son compost avec des fruits de mer ?
Intégrer des fruits de mer à son compost n’est pas compliqué, mais il faut tout de même prendre en compte certaines données.
En premier lieu, il est recommandé d’attendre que le compost soit “lancé” : durant les premiers mois, le compost va développer les micro-organismes nécessaires à la décomposition.
Pour lui faciliter la tâche, mieux vaut commencer avec des déchets qui se décomposent rapidement (épluchures, feuilles de thé, marc de café, petits restes de repas…) avant d’y intégrer des déchets plus lents à décomposer (peaux d’agrumes ou de bananes, viande et fruits de mer…). Et dans tous les cas, il faut veiller à apporter les aliments découpés en morceaux (entre 2 et 5 cm) et broyés pour les coquilles, afin d’accélérer le processus.
Le B.A-BA du compost Dans un composteur, la décomposition des matières organiques a lieu grâce au travail de bactéries, de champignons et de petits êtres vivants (vers, larves…). Et le maître mot pour que ça marche, c’est l’équilibre. Pour fonctionner, il faut équilibrer les apports en matière “azotée” ou organique (épluchures de légumes, restes de repas, marc de café…) et les apports en matière “carbonée” ou sèche (carton de boîte d’œufs, feuilles séchées, broyat…). Au démarrage, le composteur doit être installé en pleine terre, plutôt à mi-ombre pour garantir un taux d’humidité constant. Ensuite, la règle est simple : un apport de déchets organiques = un apport de matière sèche ! Pour aller plus loin : notre guide pour réussir son compost maison. |
Faut-il intégrer les fruits de mer dans son compost d’une certaine façon ?
Une fois le compost lancé et prêt à recevoir des aliments plus complexes à décomposer, quelques précautions particulières s’appliquent aux produits de la mer :
- Les coquilles et carapaces devront être broyées ou réduites en poudre, sans quoi elles mettront des années à disparaître. Le plus simple est de les placer dans un seau assez profond et solide, puis de les écraser avec une masse.
- Comme pour les os, par exemple, il est recommandé de placer les restes de chairs ou les petites carapaces (crevettes…) au centre du composteur en creusant un peu, et de bien recouvrir l’apport avec de la matière sèche. C’est l’endroit le plus chaud, où la décomposition est la plus rapide.
- En apports ponctuels, les coquilles ou les restes de fruits de mer ne posent aucun problème. À l’issue d’un festin, par exemple, mieux vaut éviter un trop gros apport, au risque de déséquilibrer le compost. Dans ce cas, direction la poubelle !
- Certains aliments cuits, comme les viandes et les poissons, vont mettre plus longtemps à se décomposer. Sans les proscrire du compost, il est préférable de les apporter en petites quantités, découpés en morceaux.
Quels déchets faut-il vraiment éviter ?
Toujours pour veiller à l’équilibre du compost, certains apports ne sont pas recommandés en grosse quantité. C’est le cas des déchets alimentaires trop gras, qui mettent longtemps à se décomposer et peuvent créer des odeurs désagréables.
Enfin, sont également proscrits au compost la litière des animaux de compagnie carnivores (chat, furet…) pour éviter les risques de transmission de maladies via le compost, ainsi que les sacs plastique qui, même dits « compostables », qui se décomposeront seulement en partie et laisseront des particules de microplastiques dans votre compost.
Composter ses fruits de mer en appartement, bonne idée ? Pour les personnes qui ne disposent pas d’un composteur de jardin, mieux vaut éviter d’intégrer des restes de fruits de mer ou des coquillages dans le compost d’appartement. Dans un lombricomposteur ou dans un seau bokashi, les restes de viande, de poisson ou de fruits de mer vont mettre très longtemps à se décomposer, risquent de créer des odeurs désagréables et d’attirer les nuisibles, comme des moucherons. Dans un environnement humide et clos comme un lombricomposteur, la décomposition de matières animales peut créer une prolifération de bactéries néfastes au compost. |
Quels sont les bienfaits des fruits de mer dans le compost ?
Mettre ses fruits de mer au compost, ce n’est pas qu’une façon d’alléger sa poubelle, cela peut avoir un impact très positif pour le sol ! En effet, les fruits de mer et coquilles sont riches en minéraux et oligo-éléments (calcium, magnésium, phosphore, potassium…) essentiels pour les plantes. Un compost bien équilibré et enrichi avec quelques apports de fruits de mer sera donc bénéfique pour la fertilité du sol et la croissance des plantes. En Vendée, le syndicat de collecte des déchets Sycodem met en place la collecte des coquilles de fruits de mer qui, une fois broyées, servent d’amendement pour le compost mis à disposition des usagers des déchèteries.
Dans certains cas, un compost riche de ces apports peut même améliorer la structure du sol, en le rendant plus aéré (utile pour les sols argileux, par exemple) ou en captant davantage l’humidité (utile pour les sols sablonneux).
Enfin, les fruits de mer dans le compost peuvent aider à réguler l’acidité du sol (son pH) en apportant du calcium.
Le saviez-vous ? Depuis l’entrée en vigueur de la loi AGEC en 2024, la Vendée facilite le compostage des biodéchets grâce à des points d’apport volontaire. Ces bacs permettent de déposer épluchures, marc de café, mais aussi viande et poisson, qui seront ensuite valorisés en compost industriel. Une solution pratique pour réduire nos déchets et enrichir nos sols ! Et parce que les meilleurs déchets sont ceux que nous ne produisons pas, voici notre guide vers une famille zéro déchets. |
Comment éviter les nuisibles attirés par le composteur ?
C’est un fait, certaines espèces nuisibles sont attirées par la présence du composteur, et plus particulièrement des déchets en décomposition à l’intérieur. Il peut s’agir de rats, mais aussi de moucherons, par exemple.
Les nuisibles peuvent être attirés par ce qui se trouve dans le composteur. C’est notamment le cas des rongeurs. D’autres, comme les mouches, sont plutôt attirés par la chaleur générée par la décomposition, qui favorise leur reproduction, ou par l’humidité du composteur.
Afin d’éviter les désagréments et de limiter leur présence, l’équilibre du compost est primordial : un compost en bonne santé ne sent pas. Pour le rééquilibrer en cas de problème, il faut observer ce qui pêche : si le compost est trop humide, un apport de matière sèche règlera le problème ; s’il est trop sec, il est possible de tremper la matière sèche pour le relancer. Dans les deux cas, un brassage régulier permettra d’homogénéiser les apports et de favoriser la dégradation de la matière organique.
Et pour s’assurer de ne pas appâter les nuisibles, pour certains omnivores, notamment les mouches et moucherons, les déchets sucrés, les viandes, poissons et laitages doivent être recouverts de matière sèche.
Enfin, avoir une présence régulière au composteur permet d’éviter qu’ils ne s’installent dans les parages, car ils n’aiment pas être dérangés.
On le voit, si le compostage des produits de la mer demande un peu plus d’attention que les épluchures de légumes ou les restes de repas, c’est néanmoins tout à fait possible. Et cela peut même être très bénéfique pour le sol et les plantes du jardin !
Aller plus loin
→ 5 règles pour réussir son compost (ADEME)
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