Partager l’électricité avec l’autoconsommation collective : un pari pas si fou

Mis à jour le
Publié le

Temps de lecture : 5 minutes

Autoconsommation collective

Des voisins, des commerces ou des écoles qui produisent ensemble leur propre énergie, se la répartissent intelligemment… et réduisent au passage leurs factures tout en agissant pour la planète. Loin d’être utopique, ce modèle existe dans de nombreux territoires grâce à l’autoconsommation collective.

Comment ça fonctionne ? Qui peut s’y mettre ? Quels sont les avantages concrets, économiques, écologiques, sociaux ? Et surtout : par où commencer ? Explications sur un modèle énergétique qui fait le lien entre production, consommation… et solidarité.

Autoconsommation collective, de quoi parle-t-on ?

Autoconsommer l’électricité consiste à utiliser l’énergie produite par un système local d’énergie renouvelable : elle peut être individuelle, chacun consomme tout ou partie de l’énergie produite par sa propre installation, ou collective. Dans ce cas, plusieurs personnes ou structures distants géographiquement – des collectivités, des entreprises… – se partagent l’énergie produite au sein d’un périmètre défini nommé « boucle d’autoconsommation ».

Cela peut se faire à l’échelle d’un immeuble, d’un quartier, d’une zone d’activité, d’une commune, voire sur le territoire des intercommunalités… Souvent, ce type de projet utilise l’énergie solaire grâce à des panneaux photovoltaïques, même si l’autoconsommation peut être organisée avec d’autres sources d’énergie renouvelable.

Comment fonctionne une telle opération ?

Pour monter un projet d’autoconsommation collective, il faut d’abord réunir plusieurs personnes ou structures prêtes à se lancer dans l’aventure. Certaines seront productrices d’énergie, et d’autres simplement consommatrices. Chaque producteur partage l’énergie issue de son installation solaire avec certains ou la totalité des consommateurs de l’opération.

Les règles de répartition de l’électricité ainsi produite sont encadrées par la règlementation et adaptées à chaque opération par les acteurs du projet. Elles peuvent être fixes ou variables selon des périodes définies (été/hiver, semaine/week-end…). Chaque projet d’autoconsommation collective doit donc trouver le fonctionnement adéquat en fonction des besoins de ses membres.

Par exemple, un projet comprenant uniquement des entreprises dont les locaux sont inutilisés le week-end n’aura pas les mêmes usages qu’un immeuble qui ne comprend que des habitations individuelles.

Ce réseau local ne suffit pas à couvrir l’ensemble des besoins en énergie des consommateurs, c’est pourquoi ils restent reliés au réseau via des contrats avec les fournisseurs d’électricité. En cas de surplus d’énergie, elle peut être vendue et injectée sur le réseau.

Un vrai atout pour la transition écologique !

L’autoconsommation collective est donc un moyen efficace de consommer une énergie locale, renouvelable et moins dépendante des fournisseurs d’énergie. De fait, elle s’inscrit dans les ambitions de transition écologique, puisqu’elle renforce la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. La France s’est donné un objectif de 33 % de renouvelables dans la production d’énergie en 2030, contre 22% en 2023.

Par ailleurs, l’autoconsommation collective permet de répondre à des enjeux de souveraineté énergétique : le fait de décentraliser la production rend le réseau plus résilient, et la production locale permet de réduire la dépendance aux importations d’énergie.

La souveraineté énergétique, qu’est-ce que c’est ?
C’est la capacité d’un pays à produire l’énergie dont il a besoin, sans dépendre d’autres pays. Cela permet de mieux contrôler les prix et d’assurer un approvisionnement stable. En 2024, la France a produit 60,7 % de l’énergie qu’elle a consommée sur son territoire, selon le ministère de la Transition écologique.

Qui peut se lancer dans l’autoconsommation collective ?

L’autoconsommation collective est accessible à de nombreux acteurs : particuliers, entreprises, bailleurs sociaux, collectivités, etc. Bref, tous les consommateurs et les propriétaires de panneaux solaires dont le contrat de vente de l’énergie le permet. En mars 2025, Enedis comptait plus de 10 664 consommateurs et 1 694 producteurs, prenant part à 1 111 opérations d’autoconsommation collectives (dont 101 en Pays de la Loire), et observait un bond de + 128 % sur l’année 2024.

Toutefois, quelques critères sont indispensables pour le fonctionnement d’un tel projet :

  • Une proximité géographique des producteurs et des consommateurs, dans un périmètre de 2 km ou sous dérogation ministérielle : 10 km ou 20 km selon la densité des communes des acteurs de la boucle, voire plus selon le type d’acteurs impliqués (par exemple le territoire d’une intercommunalité).
  • La mise en place d’une Personne morale organisatrice (PMO), une entité juridique qui réunit l’ensemble des membres du collectif et gère l’opération. Il peut s’agir d’une structure déjà existante (une collectivité, par exemple) ou d’une création (association, société…). C’est une obligation du Code de l’énergie.

Quels sont les avantages de l’autoconsommation collective ?

Pour l’énergie comme pour le reste, la mise en commun et le partage ont de sérieux avantages pour les participants de ces projets, tant sur le plan économique et environnemental que sur l’économie locale. Tout ça ? Et oui…

Des économies grâce à l’autoconsommation collective

On l’a vu, l’autoconsommation collective permet d’améliorer la souveraineté énergétique, donc diminue l’exposition des membres du projet aux fluctuations des prix de l’énergie. Elle peut donc permettre de maîtriser son budget sur le long terme.

Un levier pour l’économie locale

Ces dynamiques sont de vrais atouts pour l’économie locale : l’autoconsommation collective peut renforcer le pouvoir d’achat des ménages ou des fonds pour les entreprises et les collectivités, ce sont davantage de moyens qui peuvent être consacrés à d’autres investissements. En gros, cela crée de la valeur économique et sociale au sein d’un territoire !

Autoconsommation collective : concrètement, comment fait-on ?

Évidemment, ce sont des projets engageants, qui ne se font pas en un claquement de doigts. Cela peut prendre plusieurs mois à plusieurs années, avec des étapes obligatoires…

  • D’abord, réunir une équipe d’acteurs motivés est indispensable
  • Ensuite, il faut réaliser des études de faisabilité sur le plan technique et économique : quels sont les sites d’implantation des panneaux photovoltaïques ? Quelle est la capacité de production ? Quelle est la consommation des participants ? Quelles peuvent être les clés de répartition ? Ces études viennent confirmer (ou non !) que le projet est réaliste et réellement avantageux pour les participants et le territoire. Ce sont des bureaux d’étude qui s’en chargent.
  • Une fois le projet validé arrive la phase de mise en place administrative, avec la signature des contrats et conventions qui vont cadrer le fonctionnement entre les participants et avec les acteurs extérieurs (autorisations administratives, liens avec Enedis…)
  • Enfin, le projet peut être installé et mis en service, c’est le début de l’exploitation !

→ Envie d’en savoir plus ? Tout est détaillé dans le Livre blanc de l’autoconsommation collective, publié en 2025 par le fournisseur d’énergie Enercoop, qui accompagne l’installation de projets.

Quels rôles clé pour les acteurs impliqués ?

De nombreuses personnes, physiques ou morales comme les entreprises, sont partie-prenantes des projets d’autoconsommation collective. Voici un panorama de ces acteurs :

  • La Personne morale organisatrice (PMO) : on l’a vu, le recours à une PMO est obligatoire dans ce type de projet. Cette entité juridique aura pour mission d’assurer la gestion administrative du projet et les relations avec les partenaires du projet, comme Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution électrique, ou des tiers investisseurs. Elle devra aussi assurer le suivi de la production et la répartition de la consommation.
  • Les producteurs et consommateurs : ce sont les participants du projet qui seront intégrés à la boucle d’autoconsommation collective
  • Les gestionnaires de réseau électrique : ils sont garants du périmètre de l’opération ; ils sont chargés de transmettre les consommations et productions des différents acteurs, et de répartir les flux entre eux selon les conditions définies par la PMO.
  • Les partenaires du projet : bureau d’étude photovoltaïque, financeurs, chargés d’accompagnement technique, entreprises d’installation…

En Vendée, un département où l’agriculture et l’industrie sont bien implantées, quelques projets d’autoconsommation collective ont commencé à se développer. Aux premières intiatives citoyennes et d’entreprises s’ajoutent les projets portés par le SYDEV pour les collectivités.